Arthrose et alimentation : quels aliments manger et éviter ?
Dans l’arthrose, le cartilage de l’articulation touché est progressivement détruit, ce qui se traduit par un enraidissement et une perte de mobilité. Les rhumatologues recommandent la prise de médicaments anti-inflammatoires quand l’articulation est trop douloureuse. Un traitement efficace, mais qui n’a qu’un effet ponctuel.
À l’heure actuelle, la prise en charge de l’arthrose se base essentiellement sur des conseils d’hygiène de vie de façon à soulager durablement les patients. L’activité physique, adaptée aux capacités physiques de chaque individu, est une des principales recommandations.
L’alimentation, quant à elle, tient une place plus modeste faute de données scientifiques.
« Nous n’avons pas de preuves qu’une diététique anti-inflammatoire puisse jouer un rôle dans l’arthrose », observe le Dr Jean-Michel Lecerf, chef du service Nutrition et Activité physique de l’Institut Pasteur de Lille.
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Perdre du poids réduit-il la douleur articulaire ?
Seule certitude, il est très important de conserver un poids normal pour ménager ses articulations. Perdre ne serait-ce que 4 à 5 kilos suffit à soulager l’arthrose. C’est démontré dans l’arthrose du genou en particulier, mais aussi dans l’arthrose des mains. L’effet est à la fois mécanique (on le comprend aisément dans le genou puisque l’articulation a moins de poids à supporter), mais il est aussi physiologique. Chez les personnes en surpoids, le tissu adipeux sécrète, en effet, des médiateurs qui augmentent la sensibilité à la douleur, ainsi que des molécules pro-inflammatoires qui ne font qu’aggraver l’atteinte articulaire.
Faut-il privilégier le régime méditerranéen ?
Certaines études suggèrent qu’une alimentation suivant les principes du régime méditerranéen réduit le risque de rhumatismes inflammatoires, comme la polyarthrite rhumatoïde. Le mécanisme serait à la fois anti-inflammatoire et antioxydant. Mais la démonstration n’a pas été faite dans l’arthrose.
Le régime méditerranéen reste, néanmoins, largement recommandé par les médecins car il aide à se maintenir en bonne santé et s’avère protecteur sur le plan cardiovasculaire. En pratique, les menus doivent accorder une large place aux céréales complètes, aux fruits et légumes, au poisson et à l’huile d’olive. À l’inverse, on réduit la viande, la charcuterie et les plats tout-prêts de fabrication industrielle.
Les oméga-3 : quelle efficacité anti-inflammatoire dans l’arthrose ?
Les oméga-3 sont des acides gras polyinsaturés que l’on retrouve dans les poissons gras, mais aussi dans l’huile de colza ou les noix.
Leur intérêt nutritionnel est reconnu en prévention cardiovasculaire, contre le vieillissement cérébral et la dépression. Leur action anti-inflammatoire pourrait être intéressante dans l’arthrose, « mais nous ne disposons pas de données probantes d’efficacité sur les signes cliniques de la maladie », souligne le Dr Lecerf. Pour la population générale, le Programme national nutrition santé recommande de consommer du poisson deux fois par semaine, dont un poisson gras (saumon, thon, maquereau, hareng, sardine, anchois…) pour ses apports en oméga-3.
Peut-on manger des produits laitiers ?
Le lait, les yaourts et le fromage ont la réputation d’être pro-inflammatoires. Rien ne le prouve mais, dans le doute, certains patients atteints d’arthrose préfèrent les éviter. Or, c’est un mauvais calcul.
« Quelques études montrent plutôt un effet bénéfique des produits laitiers, en particulier dans la gonarthrose (arthrose du genou, NDLR) avec une moindre progression de la maladie », souligne le docteur nutritionniste.
Pour lui, les produits laitiers (riches en calcium et d’autres nutriments) restent indispensables à la bonne santé des os, des muscles et des articulations. La recommandation actuelle est d’en consommer deux par jour.
Les probiotiques aident-ils à réduire l’inflammation ?
Selon une hypothèse en vogue, un déséquilibre du microbiote intestinal pourrait favoriser l’inflammation dans l’organisme et, ainsi, aggraver le processus de destruction du cartilage, caractéristique de l’arthrose. D’où l’idée de proposer aux patients des compléments alimentaires probiotiques, dans le but de restaurer leur flore intestinale. Mais quelle est leur efficacité réelle ?
Quelles souches probiotiques faut-il recommander ?
À l’heure actuelle, aucune étude n’a apporté de réponse fiable à ces questions. Le Dr Lecerf n’écarte pas, pour autant, l’hypothèse des probiotiques. « Le microbiote joue assurément un rôle important dans la santé. Il a peut-être un rôle dans l’inflammation. Mais nous n’avons pas de données sur l’arthrose », explique-t-il. Pour lui, les meilleurs probiotiques restent les yaourts, ce qui rejoint les recommandations sur la consommation de produits laitiers.
Le régime sans gluten a-t-il un intérêt dans l’arthrose ?
Comme le lait, le gluten que l’on retrouve dans certaines céréales (blé, seigle…) suscite la méfiance chez certaines personnes atteintes d’arthrose. Mais aucun argument scientifique ne permet d’affirmer que le gluten de l’alimentation aggrave les douleurs articulaires. « Certaines personnes hypersensibles au gluten (sans être atteintes de maladie coeliaque) se plaignent de symptômes musculaires. Elles peuvent être améliorées lorsqu’elles arrêtent le gluten. Mais ces symptômes s’apparentent davantage à une fibromyalgie. Ils sont différents de l’arthrose », souligne le Dr Lecerf.
Le régime Seignalet préconise une alimentation sans produit laitier ni gluten pour soulager les articulations douloureuses. Mais, à ce jour, aucune étude scientifique n’a prouvé son efficacité.