Coronavirus et animal de compagnie : comment gérer le confinement ?
En dépit des rumeurs, notre animal de compagnie à quatre pattes : chiens et chats compris, ne peuvent pas transmettre le coronavirus à l’homme. Il n’existe « aucune preuve que les animaux de compagnie et d’élevage jouent un rôle dans la propagation du virus SARS-CoV-2 à l’origine de la maladie Covid-19 », rappelle l’Anses dans un communiqué publié mercredi 11 mars.
En revanche, si un animal a été au contact d’une individu malade, le virus a pu survivre sur ses poils, comme sur n’importe quelle surface contaminée. Quelles sont donc les bonnes pratiques pour vivre au mieux le confinement avec votre animal et comment limiter les risques sanitaires ? Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis et le Dr Estelle Prietz-Ducasse, membre du Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires font le point.
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Quelles mesures d’hygiène faut-il respecter avec son animal de compagnie ?
« Un animal est une surface comme une autre. Les microbes et virus peuvent subsister sur son pelage, comme sur les poignées de porte ou les interphones. Si une individu infectée a caressé votre chien, votre chat ou votre NAC et que vous le caressez à votre tour, il y a un risque que vous contractiez le virus », rappelle Reha Hutin.
Il convient donc de respecter certaines règles d’hygiène. Au quotidien, si vous ne présentez pas de symptômes, veillez à vous laver les mains avant et après avoir joué ou caresser votre animal. « Si vous présentez des symptômes douteux ou êtes diagnostiqué positif au coronavirus, limitez au maximum les contacts : portez un masque dans la mesure du possible, éviter de dormir avec votre animal, de l’embrasser ou de le laisser vous lécher le visage », conseille le Dr Prietz-Ducasse, vétérinaire.
Quand, où et combien de fois par jour faut-il sortir son chien ?
Les propriétaires de chiens sont autorisés à sortir munis d’une attestation de déplacement dérogatoire, dans le cadre des balades nécessaires à leurs besoins. Pas plus d’une heure par jour, et dans un rayon d’un kilomètre autour de chez eux. « Cette heure peut être fractionnée en 3 ou 4 ballades de 10 à 15 minutes par jour », conseille le Dr Prietz-Ducasse. Mieux vaut sortir son chien en laisse, afin de limiter tout contact potentiellement infectieux avec d’autres chiens ou personnes.
Plus la balade sera longue, plus le risque est important. « Il n’est donc pas question de sortir son compagnon dix fois par jour sous prétexte de se dégourdir les jambes« , insiste Reha Hutin qui condamne fermement les services de locations de chiens, « ridicules » selon elle, mais surtout dangereux.
Le confinement s’applique également aux chats. « S’il le tolère, mieux vaut empêcher votre félin de sortir, au même titre qu’un chien habitué à vadrouiller en dehors d’un jardin clos », précise le Dr Prietz-Ducasse. Non seulement vous ne pourrez pas sortir chercher votre animal s’il ne revient pas à la maison, mais il pourrait contaminer votre domicile s’il a été au contact d’un malade ou d’un autre animal au cours de ses déambulations.
Si vous présentez des symptômes du coronavirus, vous devez observer une période de quarantaine. Pas question donc de quitter votre domicile. Si vous vivez à plusieurs, déléguez les sorties quotidiennes de votre chien à l’un de vos colocataires. Autrement, demandez à un voisin ou à un proche de venir chercher votre animal, muni de son attestation. « Dans ce cas, il faudra systématiquement désinfecter le collier, le harnais et la laisse du chien », recommande la vétérinaire.
« En cas de symptômes, si l’on vit seul, que l’on est âgé ou à risque, il faut aussi anticiper et prévenir ses proches dans le cas où l’on serait hospitalisé, préconise Reha Hutin. Ainsi, on aura l’assurance que son animal sera bien pris en charge ». Idéalement, il faudra alors shampouiner entièrement le chien ou le chat avant le changement de domicile.
Faut-il réduire l’alimentation de son animal de compagnie ?
« En fonction de la morphologie de votre animal et de ses dépenses énergétiques, il est possible de réguler son alimentation », conseille le Dr Prietz-Ducasse. Attention tout de même, « un changement soudain de régime alimentaire pourrait occasionner des troubles digestifs« . Cela vaut pour les chats et les chiens. Face au manque d’exercice, limitez donc les extras et bonbons dont il affole et préférez réduire la quantité de nourriture journalière d’environ 10 à 20 % selon les besoins de votre compagnon.
Le moral de nos animaux risque-t-il d’être impacté pendant le confinement ?
À priori, le confinement ne peut être que positif pour nos compagnons. « Le fait que nous passions plus de temps avec eux à la maison renforce l’attachement que vous porte votre animal« , confirme la vétérinaire. Cependant, le moral de nos animaux peut-être impacté s’ils ressentent notre angoisse ou sont limités dans leurs sorties. C’est notamment le cas des chats habitués à aller et venir librement en extérieur. De même, un chihuahua n’aura pas les mêmes besoins qu’un berger australien qui vit en appartement.
« Un animal non stimulé ou contrarié est susceptible de faire plus de bêtises« , rappelle le Dr Prietz-Ducasse. « Il faut donc employer le temps que nous passons en leur compagnie pour les distraire », invite Reha Hutin. Sans pour autant transformer votre lieu de vie en terrain d’agility, vous pouvez profiter du confinement pour apprendre de nouveaux tours à votre animal, ou le stimuler avec toutes sortes de jouets.
Seul bémol : les familles avec de jeunes enfants doivent être particulièrement attentives aux besoins d’un animal très jeune ou âgé. « Il faut veiller à ce que les enfants respectent l’espace de l’animal et n’aillent pas le solliciter constamment ».
Que faire si mon animal est malade pendant le confinement ?
Cabinets, cliniques, centres hospitaliers vétérinaires… tous assurent une permanence pour les soins urgents. Dans le contexte épidémique, il faut désormais téléphoner systématiquement afin d’obtenir un rendez-vous. « Parfois on a juste besoin d’être rassuré. L’appel permettra au vétérinaire d’évaluer l’urgence de la situation et de différer ou non une consultation », indique le Dr Prietz-Ducass.
Il n’est donc plus possible de prendre rendez-vous pour des vaccins, une stérilisation ou encore un détartrage. En revanche, si votre animal est en fin de vie, vient d’être renversé ou d’avaler un paquet de mort aux rats, contactez immédiatement les services vétérinaires qui le prendront en charge comme dans n’importe quel autre contexte. À noter : une seule individu pourra accompagner l’animal.
« En ce qui concerne les animaux de rente (chevaux, vaches, moutons..) les vétérinaires continueront également à se déplacer pour les urgences”, précise la vétérinaire.
Faut-il craindre des ruptures de stock de nourriture pour animaux ?
« S’il y a de la nourriture pour nous, il y en aura pour les animaux. Elle est considérée comme une denrée de première nécessité », rassure Reha Hutin. Actuellement, les magasins d’alimentation générale, les animaleries et les cliniques vétérinaires continuent d’être approvisionnés.
Si vous souhaitez vous procurer la nourriture de votre animal chez un vétérinaire, « il faudra appeler avant votre venue et idéalement préciser votre commande. Ainsi les équipes la prépareront à l’avance dans le respect des mesures barrières pour que les transactions se fassent le plus rapidement possible ».
Les refuges et associations sont-ils ouverts pendant le confinement?
Principe de précaution oblige, les refuges sont actuellement fermés. Cela implique que les adoptions sont impossibles pour le moment, mais que les abandons (légaux) le sont également. « En revanche nous sommes toujours en ordre de marche : sur demande des autorités, nous pourrons intervenir dans le cadre de sauvetages suite à des signalements face à des cas de maltraitance », indique la présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis.
Peut-on continuer à nourrir les animaux libres ?
Les associations de protection animales identifient et stérilisent les chats errants dans de nombreuses communes. La survie de ces « chats libres » dépend en grande partie de la mobilisation de bénévoles. « Même libres , ces chats restent dans la catégorie des animaux de compagnie, et leur alimentation est évidemment un besoin essentiel », insiste Reha Hutin.
« Les associations peuvent donc assurer leur mission à condition que les bénévoles soient munis d’une attestation dérogatoire individuelle au motif de déplacement bref, à proximité du domicile, lié aux besoins des animaux de compagnie », assure-t-elle. Par mesure de précaution, le bénévole missionné pourra également demander un justificatif émis par son association.
De son côté, le Dr Prietz-Ducass indique que les campagnes de stérilisation des animaux libres ont été suspendues. Il faut donc s’attendre à une forte augmentation du nombre de chatons errants au printemps, indique-t-elle, même si c’est un faible prix à payer face à la crise sanitaire que nous connaissons.
Les animaux peuvent-ils nous aider à surmonter cette épreuve ?
La réponse est un grand OUI. « Les animaux sont des anti-stress fantastiques« , rappelle Reha Hutin. Leur présence ne peut être que bénéfique. On connaît par exemple les bienfaits de la ronronthérapie. En cette période de stress et d’incertitude, chiens, chats, mais aussi rongeurs ou oiseaux de compagnie peuvent être source de joie, d’amusement et d’apaisement, surtout pour les personnes seules. En cas de tensions avec vos comparses de confinement, l’animal pourra également être un médiateur idéal qui adoucira les humeurs de chacun et facilitera la communication.