Douleur au bras gauche : infarctus ou non ? autres causes ?
Vous ressentez une douleur au bras gauche depuis peu ? Elle peut être le symptôme d’une douleur musculaire, d’une fracture, d’un pincement nerveux, mais aussi – et on y pense moins – d’une douleur cardiaque. Comment identifier rapidement le type de douleur pour la prendre en charge le mieux possible ? Muriel Bigot, cardiologue, nous répond.
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Douleur au bras gauche, quel type de douleur peut-on ressentir ?
La douleur au bras (gauche ou droit d’ailleurs) peut se manifester de différentes façons :
- une douleur brève qui se manifeste lors d’un mouvement précis ;
- une douleur vive, suite à un traumatisme, éventuellement accompagnée d’un gonflement ou d’une déformation du bras ;
- une douleur irradiante ou lancinante ;
- une douleur qui s’intensifie lorsque l’on utilise le bras ;
- une sensation de décharges électriques, de brûlures ou de fourmillements qui ne s’accentuent pas avec l’effort ;
Si la douleur apparaît soudainement, à l’effort, irradie dans le bras gauche et ne s’atténue pas au repos, rendez-vous aux urgences pour écarter le diagnostic d’infarctus du myocarde ! De même, si le « mal de bras » s’accompagne :
- de malaises,
- dedouleurs dans l’épaule,
- de douleurs dans la poitrine
- ou de douleurs dans la mâchoire
- ainsi que d’essoufflement.
Par ailleurs, si, suite à un traumatisme, vous avez entendu un craquement, que la douleur est vive et/ou vos mouvements sont très limités, contactez le SAMU (15).
L’infarctus du myocarde, le premier diagnostic à écarter
« L’infarctus du myocarde, est le premier diagnostic à écarter lorsque l’on souffre de douleur au bras gauche. Il s’agit de la seule cause aux conséquences potentiellement graves, voire mortelles« , souligne le Dr Bigot. Chaque année, en France, près de 80 000 personnes en sont victimes (source 1) et une individu sur dix décède dans l’heure qui suit l’accident. En cause, notamment, une méconnaissance des symptômes « atypiques » et une difficulté à les identifier comme tels, estime la spécialiste.
Concrètement, l’infarctus du myocarde survient lorsque l’artère coronaire (qui alimentaire le cœur en sang) se retrouve obstruée. Le muscle cardiaque, alors privé d’oxygène, dysfonctionne et se nécrose petit à petit. Les conséquences se manifestent très rapidement : des troubles du rythme cardiaque à l’arrêt total du cœur.
« Typiquement, la douleur se manifeste au niveau du thorax. Elle peut s’accompagner d’une sensation d’étau et de serrement, favorisée par l’effort, et irradier dans les bras, dans la gorge, dans la mâchoire ou le bras gauche, il s’agit parfois d’ailleurs le seul signe, notamment chez les femmes », explique le Dr Bigot. D’autres signes peuvent se manifester : des problèmes digestifs (nausées, vomissements, etc.), une perte de connaissance, des palpitations cardiaques, etc.
Quels facteurs de risque doivent alerter ?
Plusieurs facteurs de risques peuvent exposer à l’infarctus du myocarde :
« L’âge ne doit pas être un critère faussement rassurant« , insiste la cardiologue : l’infarctus ne touche pas uniquement les hommes de plus de 50 ans. Il peut aussi concerner les jeunes hommes, sportifs et/ou fumeurs, et de plus en plus, les femmes, notamment au moment de la périménopause.
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité pour les femmes en France, rappelle-t-elle.
Et ces dernières présentent souvent des symptômes atypiques qui ne doivent pas être négligés !
Douleur au bras gauche : quelles autres causes en jeu ?
Lorsque les couleurs au bras gauche ne sont pas liées au bras gauche, elles sont essentiellement liées à des causes tendineuses, musculaires ou articulaires. Selon les cas, elles peuvent être diffuses ou localisées, brèves ou persistantes et devenir très handicapante. Elles peuvent aussi être suivies de fourmillements, d’un manque de sensibilité au niveau des doigts ou d’un manque de force. Les principales causes :
- les causes traumatiques (fractures ou entorses suite à un choc),
- les causes rhumatologiques (une tendinite de la coiffe des rotateurs par exemple, un tennis elbow, une arthrose d’épaule, une polyarthrite rhumatoïde, etc),
- les causes neurologiques (une compression nerveuse qui peut siéger au niveau des cervicales, des poignets ou du coude).
« Le patient est rarement capable de faire la différence par lui-même », insiste Muriel Bigot. Le principal critère pour distinguer une douleur cardiaque et une douleur musculaire ou neurologique ? « S’il s’agit d’une douleur du bras gauche liée à un infarctus du myocarde, aucune position, ni aucune alternative ne pourra soulager la douleur, tant qu’on n’aura pas déboucher l’artère coronaire », répond-elle.
Infarctus du myocarde : la douleur ne touche pas uniquement le bras gauche !
La douleur au bras gauche peut effectivement être un signe précurseur d’infarctus du myocarde, avant même l’apparition de la douleur thoracique. Elle apparaît soudainement et surtout sans raison apparente (pas de chute ou de choc).
Pour la décrire, on parle d’une douleur rétro-sternale (autrement dit, la douleur se situe derrière le sternum – l’os sur lequel se raccordent les côtes) « projetée » : son origine est effectivement thoracique, mais la douleur est rarement isolée au niveau du bras gauche. Elle peut irradier au niveau du cou, de la mâchoire, de l’estomac, mais aussi du bras droit, voire des deux bras – et ce, jusqu’aux poignets !
Quand faut-il s’inquiéter d’une douleur au bras gauche ? Qui consulter ?
Une douleur intense au bras gauche, qui ne fluctue pas en fonction des changements de position et s’accompagne d’une sensation de malaise général, de sueurs, d’une pâleur, etc doit être considérée comme un signe d’infarctus du myocarde ! Au moindre doute, mieux vaut vous rendre aux urgences ou contacter le 15, car c’est la rapidité de la prise en charge qui conditionne le pronostic.
Une fois ce diagnostic écarté, un entretien avec votre docteur généraliste permettra d’établir plus précisément les causes de la douleur. Si besoin, en fonction de la pathologie, il vous orientera vers un docteur spécialisé : rhumatologue, neurologue, cardiologue, etc.
Vigilance : l’infarctus du myocarde peut surgir comme « un coup de tonnerre dans un ciel serein ». Dans ce cas, aucun signe avant-coureur ne permet au patient d’anticiper la situation. Mais dans certains cas, l’infarctus est précédé de douleurs antérieures qui ont été plus ou moins négligées. « Si vous ressentez des douleurs répétées et inexpliquées dans le bras gauche, ou des douleurs dans la poitrine qui se déclenchent à l’effort, c’est un motif de consultation au niveau cardiaque », alerte le Dr Bigot.
Quels examens faire si on a mal au bras gauche ?
Pour établir le diagnostic, le docteur procédera par élimination, en fonction des probabilités, de « l’histoire » de la maladie et des antécédents de chaque patient. Les examens complémentaires (analyse de sang, doppler, examens d’imagerie, etc) sont guidés par la clinique.
En cas de suspicion d’un infarctus du myocarde, le docteur urgentiste réalisera un électrocardiogramme pour évaluer la situation. « Si le moindre doute persiste, il réalisera une prise de sang en urgence pour doser la troponine, une enzyme présente dans les fibres musculaires, qui participe notamment à réguler ses contractions. Si elle est présente en trop grandes quantités c’est que les cellules cardiaques souffrent et qu’il y a une forte probabilité d’infarctus du myocarde », détaille la cardiologue.
Et de poursuivre : « en cas de doute, on renouvelle la prise de sang au bout de quelques heures. Mais après deux prélèvements encourageants, on rassure le patient et on l’oriente vers d’autres examens : soit des examens cardiaques plus approfondis, soit un bilan rhumatologique par exemple ».