Grossesse : comment soulager les douleurs dans la symphyse pubienne ?

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Table des matières

La symphyse pubienne : quelle est cette articulation ?

Le terme est nouveau pour qui n’en a jamais souffert, et pourtant la symphyse pubienne est une partie de l’anatomie tout à fait nécessaire : « La symphyse pubienne est une articulation à la jonction des deux os iliaques qui forment la ceinture pelvienne », explique Aurélie Araujo, kinésithérapeute spécialisée en pelvi-périnéologie féminine. « Elle dispose, au centre, d’un fibrocartilage, qui ressemble aux disques qu’on peut retrouver au niveau des vertèbres et n’a, normalement, quasiment pas de mobilité, hors grossesse », poursuit-elle. Or, pendant la grossesse justement, cette symphyse pubienne va acquérir un peu de mobilité en vue d’un futur accouchement, ce qui peut engendrer des douleurs.

Pourquoi la symphyse pubienne crée-t-elle des douleurs pendant la grossesse ?

Les douleurs de la symphyse pubiennefait partie de ce qu’on appelle le syndrome de Lacomme : « Ce syndrome lié à la grossesse regroupe toutes les douleurs qui touchent le bassin pendant la grossesse : symphyse pubienne, mais également les deux articulations sacro-iliaques, et l’articulation sacro-coccygienne », détaille la kinésithérapeute.

Une question d’anatomie

La douleur, parfois très intense, est cependant liée à un phénomène naturel : c’est le schéma hormonal avec la libération de relaxine et de progestérones qui vient élargir la symphyse pubienne et changer la structure interne du fibrocartilage… dans le seul but de faciliter le passage de bébé vers la sortie ! « C’est un phénomène naturel pour permettre la naissance, rassure la professionnelle, mais comme il s’agit d’une articulation qui ne bouge pas en temps normal, là où se crée une nouvelle mobilité, survient également une nouvelle douleur, ou du moins, une interprétation de nouvelle douleur par le cerveau, parce que pour lui, cette articulation n’est pas censée bouger. »

Quels sont les symptômes d’une douleur de la symphyse pubienne chez la femme enceinte ?

Une femme enceinte qui souffre de douleurs de la symphyse pubienne reconnaitra les symptômes facilement, puisque ceux-ci ne lui laissent que peu de repos :

  • Une douleur qui apparaît, soit brutalement, soit de manière insidieuse entre la 24e et la 36e semaine d’aménorrhées. Plus rarement, la douleur peut intervenir avant 18 SA.
  • Des douleurs lors des mouvements provoquant un cisaillement dans cette articulation : au moment de la marche, en montant les escaliers, à chaque changement de positions pendant la nuit, en passant d’une position sur le dos à une position sur le côté…
  • Des douleurs en cas de positions assise ou debout, tenues longtemps.
  • Parfois, la perception d’un petit claquement au niveau de la symphyse (à cause du disque)

22 % des femmes enceintes ressentent ce type de douleurs, et 5 à 8 % disent ressentir des douleurs violentes. (Source 1).

Un test simple pour établir le diagnostic

Vous pensez souffrir de la symphyse pubienne ? Il existe un test tout simple, que vous pouvez réaliser chez vous pour vous en assurer : « Il s’agit d’un exercice que l’on appelle le test de Trendelenburg modifié, dans lequel la femme, debout (en se tenant au dossier d’une chaise par exemple) lève une jambe, genou vers le ciel, quelques secondes seulement. Si l’élévation crée une douleur dans la symphyse pubienne, c’est tout de suite révélateur », précise Aurélie Araujo.

La douleur de la symphyse pubienne est-elle grave ? Le cas (rare) de la disjonction

« Dans la grande majorité des cas, le plus gros risque, c’est la douleur au niveau du bassin, précise la kinésithérapeute, ce qui est déjà bien suffisant. Mais il n’y a pas de danger à proprement parler. Très rarement, il peut y avoir ce qu’on appelle une disjonction, c’est-à-dire un élargissement de la symphyse pubienne supérieure à 1 cm. Cela se produit généralement lors du  troisième trimestre, ou en post-partum juste après l’accouchement. Dans ce cas, il y aura un diagnostic à établir avec une radio ou une IRM si c’est pendant la grossesse. La disjonction demande du repos, des antalgiques, parfois des anti-inflammatoires, mais le cas est rare, les chiffres varient d’un cas sur 3 000 à 1 cas sur 30 000 selon les études. »

La douleur n’est cependant pas une fatalité, et il existe plusieurs méthodes pour la calmer, et vivre sa grossesse au mieux.

Porter une ceinture de maintien

La ceinture de maintien est la première aide à mettre en place. Il s’agit d’une ceinture fine, plus étroite que les ceintures lombaires, qu’on demande à la patiente de porter de façon continue et prolongée au niveau du bassin (pas seulement en cas de douleur). La ceinture du maintien agit comme une attelle, elle permet de resserrer le bassin et de maintenir les articulations les unes contre les autres pour éviter les mouvements intempestifs.

Appliquer du froid (ou du chaud)

Pour un soulagement ponctuel et rapide, il est également possible d’appliquer une poche de glace ou une compresse chaude, cela dépend de la individu et de son ressentie (il faut rechercher ce qui fonctionne le mieux sur la zone douloureuse).

Réapprendre le mouvement

Pour la professionnelle, le plus important pour la femme souffrante reste de comprendre pourquoi et où cela fait mal, puis de réapprendre les transferts, les mouvements habituels, pour contenir la douleur. « C’est vraiment une part d’apprentissage, de travail sur la posture aussi, qui est à mettre en œuvre. Ce travail est mis en place avec un kiné. »

  • Apprendre à serrer les cuisses quand on passe d’une station couchée sur le dos à une station couchée sur le côté pour éviter le cisaillement.
  • Privilégier les petits pas pendant la marche.
  • Éviter les talons hauts qui mettent plus de pression sur la symphyse
  • Éviter le port de charges lourdes pour la même raison.
  • S’exercer à maîtriser le mouvement par des exercices d’ouverture des genoux, d’assouplissement, réalisés doucement pour apprivoiser la douleur.
  • Travailler sur sa posture, car un bas du dos trop cambré par exemple ajoute également de la pression.

Maintenir une activité modérée

Le repos est recommandé, mais pas l’immobilité. « Paradoxalement, il faut continuer à bouger pour que la douleur soit moins douloureuse justement », rappelle la professionnelle.

Un traitement antidouleur est-il recommandé ?

La prise de médicaments pendant la grossesse n’étant pas recommandée, le soulagement de la douleur de la symphyse pubienne s’appuie davantage sur un apprentissage kiné du mouvement pour ne plus déclencher les douleurs. « En revanche, il est possible d’avoir recours également à de l’acupuncture ou à de l’ostéopathie. Il faut noter que techniques n’agiront que ponctuellement sur la douleur. »

Après l’accouchement : les douleurs dans le pubis disparaissent-elles dans la période du post-partum ?

Si la douleur de la symphyse pubienne intervient pendant la grossesse pour des raisons hormonales, elle ne disparaît malheureusement pas comme par magie au jour de l’accouchement. « Dans 7 % des cas, les douleurs vont persister et disparaître généralement dans les 6 premières semaines, annonce la kinésithérapeute. L’imprégnation hormonale peut d’ailleurs persister pour les femmes qui allaitent, notamment. Il ne faut pas s’affoler, c’est un mécanisme naturel. Mais rassurez-vous, 100% des cas des douleurs de la symphyse pubienne ont disparu en un an. »

Quel suivi après l’accouchement ?

La jeune maman peut alors continuer les exercices et les postures apprises pendant sa grossesse pour limiter les douleurs. Mais en plus, la kinésithérapie peut proposer alors un renforcement plus spécifique, maintenant que le bassin ne doit plus être mobile.



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