L’hypérèmese gravidique : quand les vomissements de grossesse épuisent la future maman.

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À moins de faire partie du petit club des chanceuses, il est fort possible que vous connaissiez pendant votre premier trimestre de grossesse des nausées, directement liées aux hormones de grossesse. « Ce phénomène physiologique touche jusqu’à 90 % des femmes enceintes » confirme le Dr Olivier Multon, gynécologue obstétricien et vice-président du CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français ). « Il s’agit essentiellement de nausées, à différents moments de la journée (et non seulement le matin, comme on peut le penser) qui peuvent, parfois, s’accompagner de vomissements » explique le docteur.

Ces vomissements, s’ils ne sont pas agréables, ne doivent pas inquiéter outre-mesure la femme enceinte. Ils sont favorisés généralement par :

  • Des aliments difficiles à digérer.
  • Des odeurs fortes, pas forcément mauvaises, mais envahissantes
  • Des stimulations sensorielles accrues, comme la lumière scintillante des écrans, ou un bruit ambiant.

Ainsi, rester à l’écart de ces stimulations suffit parfois à stopper ou soulager ces vomissements.

Table des matières

Quand parle-t-on de vomissement incoercibles chez la femme enceinte ?

Pour 1 à 2 % des femmes enceintes (source 1) pourtant, la situation est plus difficile à vivre, car elles sont sujettes à ce qu’on appelle de l’hyperémèse gravidique (ou encore hypermesis gravidarum), soit des vomissements incoercibles sévères et excessifs, qui rythment leur quotidien jusqu’à la fin du premier trimestre. Une situation mise en lumière par la princesse Kate Middleton elle-même qui a connu ce phénomène lors de ses grossesses. « Ce sont des femmes qui ne peuvent alors plus se retenir » précise le Dr Multon, “et souffrent de ces vomissements sévères jusqu’à 12 ou 14 semaines d’aménorrhées”. Le phénomène, toujours physiologique, peut alors devenir pathologique s’il entraine une déshydratation et une perte de poids chez la femme enceinte. « Ce sont les deux complications que nous observons et qui nécessitent une prise en charge médicale » confirme-t-il.

Quelles sont les causes des vomissements incoercibles ?

Le sujet reste encore à ce jour assez mystérieux et la littérature scientifique se construit peu à peu. « La cause, c’estla grossesse avant tout » annonce le Dr Multon mais il existe tout un faisceau de causes multi-factorielles qui font qu’une femme sera atteinte ou non d’hyperémèse gravidique :

  • Les hormones de grossesse, dont les taux sont élevés. On observe cela notamment dans les grossesses gémellaires ou multiples, ainsi que dans les grossesses molaires (une grossesse avec un placenta important mais sans embryon ou embryon non viable). Dans ces grossesses où la sécrétion d’hormones est très importante, on dénote beaucoup plus de vomissements incoercibles.
  • Des stimulations sensorielles, surtout les écrans qui sont à ce jour omniprésents et diffusent une lumière scintillante, bleue et crue, qui donne la nausée.
  • Des facteurs environnementaux, liés à la façon dont la individu s’alimente.
  • Des facteurs ethniques, et familiaux. Certaines familles connaissent en effet ce tracas de mère en fille.

Quand disparaissent les vomissements de grossesse ?

Lors d’une grossesse, en général, les nausées et vomissements suivent l’augmentation des hormones de grossesse (notamment beta-hcg) sur le premier trimestre et diminuent, jusqu’à disparaître, vers 12 à 14 SA. C’est le schéma le plus classique. « Mais il existe quelques patientes chez qui la situation inconfortable persiste au-delà de trois mois », réagit le gynécologue. Quoiqu’il en soit, pour le professionnel, lors de vomissements avant ou après ce terme, il convient de toujours se poser la question de la cause : « Au-delà de 3 mois, si les nausées reprennent, cela peut être une autre pathologie, comme la cholestase, l’accumulation d’acide biliaire dans le foie. Avant les trois mois, il ne faut pas non plus passer à côté d’un autre problème de santé, comme une appendicite, une occlusion intestinale, un ulcère… Même si l’on pense que ces vomissements sont simplement physiologiques, il faut rester à l’écoute. » conseille le docteur.

Hyperémèse gravidique : quand doit-on s’inquiéter ?

En cas de vomissements de grossesse incoercibles en 1er trimestre, deux symptômes sont à surveiller et évaluer, car ils font craindre une complication :

  • Le niveau de déshydratation de la femme enceinte
  • La perte de poids, qui ne doit pas être supérieure à 5% du poids corporel total de la femme enceinte.

Déshydratation : quels sont les effets de ce symptôme sur la santé de la maman ?

Si la femme enceinte ne parvient pas à s’alimenter ou à boire correctement lors de son 1er trimestre, une forte déshydratation n’est jamais à négliger. Dans les cas les plus extrêmes de déshydratation et perte de poids, ceux-ci peuvent aboutir à des problèmes rénaux, des anomalies cellulaires, et une carence notamment en vitamine B1 qui peut mener à une complication neurologique (encéphalopathie) de la patiente. « Bien évidemment, ce sont des cas très rares en France, puisque la femme enceinte est suivie régulièrement » rassure le docteur « mais il ne faut pas laisser une déshydratation sévère s’installer ».

Quels sont les effets sur le bébé ?

En revanche, rassurez-vous : au chaud dans son utérus, les vomissements incoercibles ont peu de chance de perturber bébé. Celui-ci, tel un petit parasite, a accès à tout ce dont il a besoin, et se sert, sans véritable carence. Une bonne nouvelle à garder à l’esprit.

L’important est de diminuer au plus vite
les stimulations sensorielles et l’énervement
autour de la patiente

Pour le spécialiste, le traitement des vomissements incoercibles consiste principalement à prendre en charge et soulager la future maman de plusieurs manières différentes.

Par un traitement pour soulager l’œsophagite

À force de vomissements, la femme se trouve rapidement dans un cercle vicieux : l’œsophage en contact régulier avec le liquide gastrique s’abîme, brûle et s’enflamme. « C’est une œsophagite chronique, qui va, elle aussi, entraîner des nausées. » explique le Dr Multon. Le premier réflexe du docteur est alors de prescrire un traitement contre les reflux pour calmer cette œsophagite et soulager la maman.

Par une vraie mise au repos

L’autre décision prise face à des vomissements incoercibles est la mise en place d’une vraie « pause » de ses activités habituelles. « L’important est de diminuer au plus vite les stimulations sensorielles et l’énervement autour de la patiente. Cela induit généralement un arrêt maladie, passé dans un environnement le plus calme possible : donc sans écran ni smartphone, sans lumière forte, au calme… Lecture, musique douce, activités calmes sont à privilégier.

Par une hygiène de vie adaptée

Directement impactée par les vomissements, l’alimentation est une donnée à étudier de plus près. « La femme enceinte doit s’écouter et se méfier de tout ce qui va favoriser les reflux : pour certaines ce seront les agrumes, ou les tomates. Il faudra alors éviter ces aliments. Mieux vaut également faire une pause avec le café, le thé, le chocolat et ses dérivés qui favorisent les reflux.

La nicotine est naturellement à éviter tout au long de la grossesse.

Enfin, côté médicaments, il est parfois demandé de faire une pause : « Le fer par exemple favorise les nausées, il est tout à fait possible de s’en passer quelques temps » indique le docteur. 

Quand une hospitalisation est-elle nécessaire ?

Dans les cas les plus importants, une hospitalisation peut être envisagée et bénéfique pour la femme qui souffre d’hyperémèse gravidique.

Une déshydratation sévère est bien sûr une cause d’hospitalisation. Si la femme enceinte perd plus de 5% de son poids et ne parvient pas à s’alimenter ou boire, il faut alors la réhydrater, stopper les vomissements et vérifier les apports et nutriments, notamment la vitamine B1, pour éviter les carences. « En 24 à 48h, généralement, ces femmes loin du stress ambiant, parviennent à se réalimenter et à se sentir mieux.” confirme le Dr Multon. 

Dans d’autres cas, ce sont des femmes qui sont elles-mêmes demandeuses d’un coup d’arrêt, comme un appel à l’aide, car la pression est trop importante et elles ne parviennent pas à obtenir le calme dont elles ont besoin pour aller mieux. « L’hospitalisation quelques jours est une solution pour des patientes très stressées, et une décision prise en accord entre le docteur et sa patiente, pour des femmes qui ont un réel besoin de s’éloigner d’une situation dans laquelle elles ne peuvent plus s’alimenter. » Quoi qu’il en soit, un retour au calme est une priorité.



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