Près de la moitié des femmes de la planète sont privées de leur droit à l’autonomie corporelle

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La pleine autonomie corporelle se définit comme le droit à décider d’avoir ou non un rapport sexuel, d’utiliser ou non des contraceptifs ou de recourir ou non à des soins de santé. Or, c’est un triste constat que vient de dresser le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) dans un rapport disponible en ligne : seules 55% des femmes sont pleinement en mesure de faire ces choix. Ce rapport sur l’état de la population mondiale intitulé « Mon corps m’appartient » et qui se base sur les données recueillies dans 57 pays est le premier rapport des Nations Unies « qui se concentre sur la capacité et les moyens des individus de faire des choix concernant leur corps sans peur, violence ni contrainte. »

Le document souligne notamment les obstacles légaux, économiques et sociaux à la réalisation de l’autonomie corporelle pour toutes. Une vingtaine de pays ou territoires disposent par exemple de lois dites « d’épouser son violeur », en vertu desquelles un homme peut échapper à la prison s’il épouse sa victime. Mais les obstacles les plus récurrents à l’autonomie corporelle proviennent de stéréotypes, suppositions et idées reçues sur cette notion. « Les personnes qui ont entendu parler d’autonomie corporelle l’associent à des idées négatives », explique l’éducateur Romeo Alejandro Méndez Zúñiga, interrogé dans le cadre du rapport, « cela remet en question un système machiste et patriarcal ».

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« Des centaines de millions de femmes ne sont pas propriétaires de leur corps »

Selon ses auteurs, le manque d’autonomie corporelle pourrait s’être aggravé pendant la pandémie de Covid-19, exposant un nombre record de femmes et de filles à la violence sexiste et des pratiques néfastes telles que le mariage précoce. « Le fait que près de la moitié des femmes ne puissent toujours pas décider elles-mêmes d’avoir ou non des rapports sexuels, d’utiliser des moyens de contraception ou de se faire soigner devrait nous indigner tous », ajoute Natalia Kanem, directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population. « En substance, des centaines de millions de femmes et filles ne sont pas propriétaires de leur corps. Leur vie est gouvernée par d’autres », a-t-elle ajouté.

Or, le déni de l’autonomie corporelle est une violation des droits fondamentaux des femmes et des filles. Parmi ses conclusions, le rapport fait état de plusieurs façons dont l’autonomie corporelle des femmes et des filles, mais aussi des hommes et des garçons, est violée. Par exemple, les filles et les garçons handicapés sont près de trois fois plus susceptibles d’être victimes de violences sexuelles, les filles étant les plus exposées. Le rapport souligne également comment les efforts déployés pour remédier aux abus peuvent conduire à de nouvelles violations de l’autonomie corporelle. Exemple : pour poursuivre un cas de viol, un système de justice pénale peut exiger qu’une femme se soumette à un test de virginité invasif.

Les hommes doivent devenir des alliés

Les violations de l’autonomie corporelle peuvent donc prendre différentes formes : viol, stérilisation forcée, tests de virginité ou mutilations génitales féminines, entre autres. « Outre les graves préjudices qu’il fait subir aux femmes et aux filles concernées, le manque d’autonomie corporelle a de lourdes conséquences : il peut faire baisser la productivité économique, mettre à mal la mobilisation des compétences et engendrer des coûts supplémentaires pour les systèmes judiciaires et de santé », note un communiqué de l’UNFPA. Aussi, le rapport indique que dans les pays pour lesquels l’on dispose de données seuls 71% garantissent l’accès aux soins de maternité de manière générale.

Pire encore, seuls 56% des pays environ sont dotés de lois et de politiques en faveur de l’éducation complète à la sexualité. « La privation de l’autonomie corporelle constitue une violation des droits fondamentaux des femmes et des filles qui renforce les inégalités et perpétue la violence engendrée par la discrimination sexiste, affirme la Dre Natalia Kanem. « Inversement, une femme qui a le contrôle de son corps a plus de chances de mieux maîtriser d’autres aspects de sa vie. Non seulement elle gagne en autonomie, mais elle profite aussi d’une meilleure santé, d’une meilleure éducation, de revenus plus élevés et d’une sécurité accrue. Elle a plus de chances de s’épanouir, et sa famille également. »

Les véritables solutions, d’après ce rapport, doivent tenir compte des besoins et de l’expérience des personnes concernées. Mais pour remédier durablement à cette situation il faut selon lui « bien plus qu’une série déconnectée de projets ou de services », en insistant sur le fait que des progrès réels et durables dépendent de l’éradication de l’inégalité entre les sexes. C’est pourquoi les hommes doivent devenir des alliés contre cette discrimination. « Beaucoup plus nombreux sont ceux qui doivent s’éloigner des modèles de privilège et de domination qui sapent l’autonomie corporelle, et à s’orienter vers des modes de vie plus justes et plus harmonieux, qui profitent à tous.», conclut le Dr Kanem.



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